Bruno HeubiLes courses horaires représentent certainement le meilleur moyen de préparer le terrain avant une épreuve au delà du marathon. Elles permettent à la fois de tester votre mental sur un parcours répétitif, mais aussi votre alimentation, votre résistance musculaire tendineuse et articulaire. La gestion d’une course dans la durée pour mieux affronter celle basée sur la distance, voilà un moyen simple de vous aider à franchir le cap et gommer vos dernières réticences.

Pour la plupart des marathoniens, le 100km représente un grand saut dans l’inconnu. Il s’agit tout de même de 2 fois ½ la distance. En terme de temps de course cela représente en moyenne 3 fois le temps celui du marathon. La démarche est identique pour un cent bornard. Un 24h cela signifie deux à deux fois et demi de temps à passer sur le circuit par rapport au 100km. Un 6h pour l’un ou un 12h pour l’autre permet d’aborder « en douceur » la distance supérieure. De la même manière, un 24h permet de se préparer à un ultratrail.
Voyons comment procéder et quels avantages procure cette démarche.

Renforcez votre mental

Une des caractéristiques des courses horaires, en dehors du fait que c’est le temps bien évidemment qui les paramètre, c’est le lieu où elles se déroulent. Il s’agit généralement de circuits de 1 à 3km environ sur lesquels la répétition des tours confère une dimension particulière à la course. Cette nécessité de tourner ainsi sur le même anneau pendant des heures, oblige à une approche mentale différente de celle d’une course se déroulant dans de grands espaces. Il va s’agir d’ « enquiller » les tours en faisant abstraction de l’aspect répétitif. Cela nécessite de se placer dans des dispositions mentales particulières. D’ailleurs lorsque l’on explique aux profanes que des courses se pratiquent durant 24h sur un boucle d’un kilomètre, il n’est nul besoin de long discours pour décrire leur réaction. Edit Bercès, la meilleure athlète au monde dans ce domaine des courses horaires nous donne un définition très explicite : « L’ultrafond ne va pas juste au-delà du marathon, mais au-delà de la compréhension ».Cela signifie qu’une des différences majeures qui existe réside dans l’approche mentale. Il va falloir faire preuve de persévérance lorsque tout incline à s’arrêter et qu’une petite voix vous chuchote alors : « mais qu’est ce que je fais là ? ». A l’inverse, vous apprendrez à gérer ces moments d’euphorie, notamment en début de course, lorsqu’il faut se contenir en prévision des périodes difficiles.
Bref, tout un apprentissage qui est à la fois indispensable pour appréhender ces épreuves mais aussi souvent une véritable introspection qui nous fait aimer les courses longues pour ces moments uniques de face à face avec soi-même qu’elles procurent.

24h de St-Fons
La convivialité des courses horaires.

Une atmosphère unique

En effet, une course horaire, ce n’est simplement tourner en rond et faire le plus grand kilométrage possible. C’est une ambiance particulière. A la fois chaleureuse et conviviale grâce à la proximité avec les bénévoles croisés à chaque tour et avec lesquels se créent des liens. C’est un partage avec les autres coureurs que l’on va croiser si le parcours s’y prête ou doubler. C’est un moment d’échange au ravitaillement, des encouragements mutuels et du respect qui s’instaurent au fil des kilomètres. C’est aussi la motivation d’être avec ses proches avec qui ont va vivre des moments intenses grâce à la répétition des tours qui occasionnent chaque fois des instants d’intimité propres à ce type d’épreuve. C’est enfin l’avantage de pouvoir courir longtemps sans la contrainte d’un kilométrage imposé.

Testez votre ravitaillement

Un des avantages incontestable que présentent les courses horaires c’est d’offrir la possibilité d’avoir accès en permanence au stand de ravitaillement. Certains d’ailleurs ont tendance à en abuser. Un médecin fédéral nous rapportait cette anecdote surprenante de ce coureur de 24h qui avait pris du poids à l’issue d’une compétition internationale ! Il est vrai que la tentation est permanente et que celle-ci s’accompagne de cette angoisse du coureur de devoir faire face à l’hypoglycémie ou à la panne de carburant. Il faut donc envisager ce type d’épreuves préparatoires comme un lieu de validation de vos expérimentations à l’entraînement. Nous avons maintes fois rappeler la nécessité de tester dans vos sorties de préparations, les produits énergétiques que vous avez l’intention de prendre en compétition. Cela est indispensable tant il est surprenant de constater à quel point chaque coureur est différent et que ce qui s’appliquera à l’un peut provoquer les pires désagréments à l’autre. Durant votre course horaire, vous irez plus loin qu’à l’entraînement, en vous confrontant à la réalité de vos limites en ce domaine. C’est dans ces moments que vous apprendrez à gérer par exemple cet écœurement des aliments sucrés si souvent décrit. Votre prudence vous aura peut être permis de la contourner en anticipant avec une alternance d’aliments salés dès les premiers kilomètres. Vous serez probablement surpris de constater que tel aliment que vous n’auriez jamais imaginé ingérer devient celui qui vous convient le mieux en ces instants si particuliers. Ce sont ces moments où l’on ne peut pas tricher qui vous livreront les clés de votre propre stratégie en ce domaine.

La Piste de la Sarra
La Piste de la Sarra.

Vérifiez la solidité de la carrosserie

Sur les plans musculaires, articulaires et tendineux, on ne peut jamais être sûr de quoi que ce soit, quel que soit le niveau de performance du coureur. Participer à une course horaire est le moyen de tester votre solidité à ce niveau. Aucune sortie longue raisonnable (c’est à dire 3h au maximum) ne vous renseignera sur les petites tensions et douleurs qui vont inévitablement apparaître au bout d’un certain temps. (variable d’ailleurs d’un individu à l’autre). Le confort relatif que procure une épreuve en circuit vous permet d’évaluer où vous en êtes sans cette pression de l’abandon qui peut peser sur vous si vous êtes lancé dans votre premier 100km ou dans un ultra trail. Vous prendrez peut être conscience que cette économie du geste, indispensable pour aller loin, doit être améliorée. Bien souvent, vos entraînements ne vous ont pas suffisamment renseigné sur cette nécessité que l’on découvre trop tard et à ses dépens le jour J. La possibilité de mesurer et vérifier votre vitesse en permanence sur une boucle qui devient vite familière permet pendant, mais aussi après la course, une analyse qui vous sera utile pour envisager votre objectif futur.

On voit donc à travers cette analyse tous les bénéfices qu’un coureur peut tirer de ce genre d’épreuves. Si vous n’avez pas encore franchi le pas, il est temps de vous plonger dans le calendrier des courses pour trouver celle qui correspond à vos attentes. Une nouvelle facette de la course de longue durée s’offre à vous !

Bruno Heubi. 🙂
www.brunoheubi.com

Retrouvez les conseils de Bruno Heubi dans son livre « Courir longtemps. Les clés pour réussir ». Que vous pratiquiez la course à pied pour le plaisir, le bien-être ou la compétition, vous trouverez dans cet ouvrage tous les conseils et les informations nécessaires pour réaliser votre défi personnel et pourquoi pas l’Ultra Boucle de la Sarra.